Comment McLaren a bousculé le marché de la voiture de sport
En 2010, McLaren Automotive présente sa MP4/12C. Cette voiture entendait porter la vision de Ron Dennis, à l’époque président de McLaren Automotive : « Il s’agit de l’un de mes vieux rêves ; mettre sur le marché des voitures de sport à hautes performances qui créent de nouveaux standards » avait-il indiqué. Les sourires polis et quelque peu narquois des concurrents avaient accueillis cette annonce. Depuis, plus personne chez Ferrari ou Lamborghini n’a envie de rire. McLaren a produit sa 10.000ème voiture à la fin décembre 2016. Les 5.000 premières voitures avaient trouvé preneur en 42 mois alors que les 5.000 suivantes se sont écoulées en 22 mois. En 2016, McLaren a vendu 3.286 voitures, soit deux fois plus qu’en 2015. Avec d’un tiers de ces volumes, les Etats-Unis constituent le premier marché.
En un peu moins de sept années, McLaren a construit une gamme couvrant toutes les niches de la voiture ultra-sportive. La marque a poussé au maximum la différentiation tout en s’appuyant sur une même structure de coque en carbone et une même base moteur, un V8 suralimenté par deux turbocompresseurs. Depuis avril 2015, la gamme commence avec un coupé 540C à 165.000 euros. Avec ce modèle d’accès fort polyvalent, car proposant un excellent compromis entre le confort et le comportement routier, McLaren attire des clients de Porsche 911 Turbo.
Au lancement de la MP4/12C en 2011, les retours des premiers clients faisaient état d’une voiture un peu fade, tout est relatif.., en tout cas pas assez exubérante, ni démonstrative. En quelques semaines, McLaren fait évoluer la réponse à l’accélérateur de son moteur et modifie le son de l’échappement. McLaren a pleinement tiré parti de son expérience du sport automobile et de la réactivité qui y prévaut.
Au cours des années suivantes McLaren n’a cessé de faire évoluer sa gamme. Celle-ci est désormais organisée en trois familles : Sports Series, Super Series et Serie Ultimate. La dernière nouveauté présentée en 2016 au salon de Genève est la 570GT, une évolution basée sur la base de la 570S. Cette GT voit sa carrosserie fortement modifiée dans sa partie arrière pour recevoir un petit coffre situé au-dessus du moteur. Cet espace est accessible par un capot en verre articulé sur le côté, un clin d’œil à la Jaguar E !
Financièrement, l’exercice 2015 marque la troisième année de bénéfices pour la marque. La marge de 4,4 % devrait, grâce au doublement des ventes enregistré en 2016, se rapprocher du seuil des 10 %. Les McLaren sont désormais vendues dans 30 pays auprès de 80 revendeurs. A l’usine, les effectifs ont suivi la progression des ventes et des résultats. Début 2016, la création d’une nouvelle équipe de travail et la création de 250 nouveaux postes ont entrainé une forte hausse des effectifs, dont le nombre a atteint 1.750 personnes.
La nouvelle organisation de production a permis de doubler la cadence de production. Celle-ci atteint désormais les 20 voitures par jour. Par la voix de Mike Flewitt, son Président, McLaren Automotive estime pouvoir vendre plus de 4.500 voitures par an d’ici 2020.
Répondre à la demande immédiate est une chose, avoir un but en est une autre. L’an dernier, McLaren Automotive a révélé quelques détails de son plan Track22. Celui-ci comprend notamment un plan d’investissements massif, de 20 à 25 % du chiffre d’affaires pour le développement d’une nouvelle génération de voitures. Compte tenu des six ans couverts par Track22, c’est un investissement d’un milliard de livres sterling qui permettra de lancer 15 nouvelles voitures en cinq ans. Au moins la moitié de ces véhicules offriront une motorisation hybride d’ici 2022.
Parmi les investissements contenus dans Track22, McLaren Automotive a récemment dévoilé les premiers détails de son nouveau McLaren Composites Technology Centre. Ce nouveau centre a pour mission de développer et de fabriquer les nouvelles générations de châssis en fibre de carbone. Ils seront produits à l’aide de technologies de pointe automatisées développées en collaboration avec le département recherche de l’Université de Sheffield. Les tout premiers châssis seront livrés au McLaren Technology Centre à partir du deuxième semestre 2017.
L’autre domaine dans lequel McLaren Automotive doit progresser est celui du moteur. Le constructeur travaille sur de nouveaux principes de combustion avec Ricardo, son partenaire historique, mais également avec le groupe BMW.
McLaren se donne tous les moyens pour réussir la seconde étape de son installation sur le marché de la voiture de sport. Rendez-vous en 2022.
Bertrand Gay