Russie : la filière automobile à l’heure iranienne

Face aux sanctions occidentales et au retrait de la majorité des entreprises européennes, Moscou met petit à petit en place un plan pour sa filière automobile. Dans la capitale, Moskvitch, qui a pris la suite de Renault Russie a recours aux services du producteur de poids-lourds Kamaz pour les questions liées à la production. A moyen et long terme, le sujet de l’évolution des véhicules apparait et le constructeur moscovite semble se tourner vers des partenaires chinois.

En août 2022, la rencontre, à Moscou, entre Denis Manturov, Ministre de l’industrie et du commerce de Russie et Reza Fatemi Amin, Ministre de l’industrie, des mines et du commerce a attiré l’attention. Les deux parties ont évoqué de nombreuses opportunités de coopération dans les domaines des transports et tout particulièrement de l’automobile. « Nous sommes prêts à travailler avec des partenaires iraniens dans les domaines où nous identifions des intérêts communs » a indiqué Denis Manturov. A l’occasion du dernier salon MIMS Automechanika qui s’est tenu à Moscou, Iran Khodro, Saipa et une quarantaine de fournisseurs sont venus discuter de coopérations avec leurs homologues russes. Dans le domaine du commerce, Iran Khodro se dit prêt à exporter environ 20 % de sa production annuelle, dont une part significative vers le marché russe.

Industriellement, un plan ambitieux sera présenté le 1er septembre prochain, mais sa ligne directrice est déjà connue : la production russe de voitures doit être capable de répondre à 80 % de la demande du marché tout en étant capable de disposer des ressources nécessaires au niveau de souveraineté technologique visé.

Pour cela, le Ministère de l’Industrie pointe la nécessité de disposer d’un fort tissu d’équipementiers et des technologies nécessaires. Le draft du rapport fait notamment référence aux motorisations thermiques et électrifiées et aux systèmes de sécurité actifs et passifs. Il s’agirait de petits moteurs diesel, de boîtes automatiques, de systèmes ABS et d’airbags. La liste comprend également, les équipements d’alimentation en carburant, les composants électriques et électroniques, des éléments de suspension, les composants et les matériaux associés.

Un montant compris entre 500 et 600 milliards de roubles (8,3 à 10 milliards d’euros) serait nécessaires pour mener les investissements nécessaires d’ici 2035.  Au cours de la même période, les sommes à investir en R&D seraient également importantes.

Par ailleurs, le document souligne la nécessité de mieux réguler l’accès au marché donné aux constructeurs afin d’optimiser la production. Au cours des dernières années, le taux d’utilisation moyen de l’industrie automobile russe n’a guère dépassé les 60 %. A court terme, les autorités s’attendent à un marché très bas ; environ 800.000 véhicules dont 600.000 VP et 40 % de véhicules importés. A moyen terme, l’enjeu du plan réside dans le redémarrage des productions locales et la baisse des importations. A partir de 2030, les productions pourraient atteindre 2,1 millions d’unités dont 1,9 million pour le marché russe.

Le producteur de poids-lourds GAZ a accéléré le plan lancé en 2020 et portant sur la localisation des composants considérés comme critiques, parmi lesquels un moteur diesel. Sans donner trop de détails, AvtoVaz va se caler sur le plan stratégique du ministère.

Bertrand Gay

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